Stéphane Steeman en interviewer

Passionné sincère, infatiguable collectionneur dès 1953, - au grand étonnement de Hergé lui-même -, et plus encore défenseur de la mémoire du père de Tintin, Stéphane Steeman, comédien, auteur et humoriste, est le président fondateur de l’association des Amis de Hergé. A l’occasion d’une Assemblée générale - où il a eu la gentillesse de dire le plus grand bien de mon bouquin, c’est avec plaisir que j’ai répondu à ses question.

steeman.jpg

Stéphane Steeman : Il semble que vous ayez fait le tour de toutes les découvertes ! N’est-ce pas égoïste de brimer ainsi de futurs chercheurs ?

Thomas : J’espère que c’est le contraire qui se produira ! En effet, la plupart des lecteurs que je rencontre me disent : « Votre livre donne envie de relire les albums et de vérifier vos affirmations » ! Et certains engagent la polémique sur tel ou tel détail, voire m’apportent des éléments nouveaux. J’en suis ravi, car toute nouvelle information est la bienvenue. J’encourage donc tous les chercheurs à se mobiliser…

Hergé, le premier paparazzi belge ?

Ce terme a une connotation très péjorative et ne peut s’appliquer à Hergé. D’une part, un paparazzi traque les vedettes sans leur consentement, or Tintin a confié à Hergé le soin de raconter ses reportages ; celui-ci effectue donc son travail avec le plein accord du reporter. D’autre part, le paparazzi ne se fixe aucune limite. Hergé, lui, a parfaitement respecté la vie privée de Tintin. Si le biographe doit se cacher la plupart du temps, c’est pour rester dans son rôle de témoin impartial n’ayant pas à influencer le déroulement du reportage. Et cela n’a pas du être facile tout les jours !

Depuis quel âge croyez-vous à Tintin ?

Votre question laisse supposer qu’il s’agirait d’avoir la foi ! Je crois en l’existence de Tintin comme je crois en celle de Louis XIV… ou à la vôtre… Il suffit d’ouvrir les yeux, les preuves ne manquent pas. Souvent des héros deviennent des mythes. Avec La vie quotidienne à Moulinsart, j’ai voulu rappeler ce qui n’est, après tout, qu’une évidence : Tintin est un homme, tout héros qu’il soit. Tout cela s’apparente donc à la vie et à l’histoire, et non à une quelconque croyance.

Comment avez-vous travaillé pour analyser autant de détails de tant d’albums. Un dossier par personnage ?

Il faut une très grande table pour étaler les albums ! L’une des difficultés réside, justement, dans le détail qui revient en mémoire. On voit l’image, mais de quel album est-elle issue ? Et on tourne, on tourne les pages… Ce livre s’est construit progressivement dans ma tête. Vous vous souvenez de ce vers de Cyrano à propos d’une lettre d’amour écrite à Roxane ? « … mettant mon âme à côté du papier, je n’ai eu qu’à la recopier ». C’est un peu ce qui s’est passé car au fil des nombreuses lectures des albums, j’emmagasinais des informations, mon oeil étant de plus en plus attiré par d’autres éléments du récit ou de l’image. En effet, lors d’une lecture « normale », nous avons tous tendance à nous arrêter au premier plan de l’image ; il reste les deuxièmes et troisièmes plans à découvrir car c’est là souvent que se dissimulaient les informations que je recherchais.

La rédaction s’est effectuée en trois étapes : La première a été bien sûr la relecture des albums en « oubliant » le récit pour se concentrer sur la vie des personnes, leur comportement, et aussi les lieux, les détails des décors. La deuxième a été celle de l’Histoire. Il s’agissant de confronter les dates, qui avait pu intervenir à tel moment. C’est ainsi que je me suis aperçu par exemple que c’est bien Colbert qui s’est occupé du petit François, future chevalier de Hadoque. Ou encore, découverte dont je suis très fier : c’est bien le chevalier qui a inventé le système pour compter les jours et les semaines quand il était dans son île, et non Robinson Crusoé comme indiqué dans le Trésor. Enfin, j’ai eu une rencontre très intéressante avec le marquis de Vibray, actuel châtelain de Cheverny. La troisième étape a consisté en la lecture des ouvrages écrits par des confrères afin de bénéficier d’autres angles de vue. Muni de cet ensemble d’informations, il ne me restait plus qu’à écrire les vingt-quatre chapitres !

Les commentaires sont fermés !