Dur, dur, de manger en Russie, n’est-ce pas Milou ?

Pourtant, pour ce qui est des plaisirs de la table, il semblait que ça démarrait plutôt bien puisque dès la troisième vignette des Soviets Tintin promet d’envoyer « à tous ces messieurs », excusez du peu, « de la vodka et du caviar ». Et la première grande inquiétude de Milou se manifeste à peine quelques pages plus loin « On va nous laisser mourir de faim », sa lamente-t-il dans le noir. Article à lire avec Les Soviets à côté de l’écran…

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Pourtant, pour ce qui est des plaisirs de la table, il semblait que ça démarrait plutôt bien puisque dès la troisième vignette des Soviets, Tintin promet d’envoyer « à tous ces messieurs », excusez du peu, « de la vodka et du caviar » (Soviet première page, le foliotage, curieusement, même dans l’édition originale, débute à la seconde planche) Et la première grande inquiétude de Milou se manifeste à peine quelques pages plus loin « On va nous laisser mourir de faim », sa lamente-t-il dans le noir.

Poursuivi après d’être évadé de prison et avoir emprunté un side-car, il fonde à toute allure et « bois l’obstacle », mais après sa collision avec le train - entre temps, il a troqué le side-car contre une voiture - , il se plaint de « ce qu’il faut faire pour gagner son beefsteak « , mais plus concrètement, c’est Milou qui le rappelle à l’ordre, au sortir du bureau du commissaire du peuple, et pose les deux questions essentielles : « Quand va-t-on boulotter » et « Où va-t-on manger ? ». La vitrine du marchand de vêtements se révèle décevante : « Il n’y a rien à se mettre sous la dent ! » Il se désespère, « et pas le moindre petit os en vue », os qu’il ne voit que dans son imagination et dont la cruelle absence fait naître cette terrible inquiétude « N’y-a-t-il plus d’os en Russie ?

Plus tard, Tintin se décide à se préoccuper des contingences quotidiennes et annonce « On va faire un de ces petits repas soignés », lequel fait déjà saliver son chien… mais le train n’attendra pas, contrairement au dîner. Milou tente bien un rappel « Et notre dîner, que devient-il lui, mais on sens bien qu’il n’y croit plus beaucoup, même si Tintin lui promet que « dans 10 minutes nous serons un wagon-restaurant ». Il insiste pourtant, fait le beau pour apitoyer son maître « j’ai faim ! », elle est prête à tout la pauvre bête, même à imaginer qu’un « tibia » pourrait être « succulent » !

« Enfin, un auberge » ! Milou apprécie les lieux , « pas trop mal ici », mais plus encore, cette « douceur de vivre » et cet os qui représente « le plus beau jour de (sa) vie ». Tintin a droit à une « excellente soupe aux choux », dommage qu’elle finisse sur la crâne dégarni du pseudo Wirchloff.

Bien plus tard, Milou, qui devrait à nouveau être tiraillé par la faim, se montre une fois de plus héroïque car, s’il vole un pain, c’est pour le donner aussitôt à un malheureux privé de distribution pour non appartenance au Parti…

C’est un peu plus tard que nous apprenons que Tintin, pour se protéger des rigueurs du froid sibérien s’était muni d’une gourde de vodka… dont il n’aura pas le temps de profiter, contrairement à l’ours qui va s’en trouver complètement ivre, et incapable de lutter contre Tintin. Heureusement, le plantigrade prenait Milou pour un « bon petit steak » !

Et c’est sur l’aéroport de Tempelhof, près de Berlin, que Tintin et Milou vont connaître leur première cuite, laquelle leur colle une gueule de bois dont ils se remettent difficilement le lendemain matin…

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Enfin ! Enfin, voici la Zum Löwen Gastaus, Tintin et Milou sont pour la première fois attablé, devant une choucroute me semble-t-il pour Tintin,, arrosée, faut-il le préciser d’une conséquente chope de bière. Milou, lui dévore son os et se goinfre, obligeant son maître à lui recommander de ne pas trop manger.

Retour triomphal à Bruxelles, en pleine forme, coiffé et dépoussiéré, et sans être parvenu à rapporter, comme prévu, la moindre bouteille de vodka, la plus petite boîte de caviar !

Un commentaire pour "Dur, dur, de manger en Russie, n’est-ce pas Milou ?"

  1. Ce qui est amusant, sur la première vignette que vous publiez, c’est la petite phrase de Milou. On en viendrait presque à croire qu’Hergé était conscient de la forte présence de clichés dans ses premiers albums : Milou dit : « Ca va faire un cliché superbe ! ». Adressé au premier degré au photographe qui les prend en photo, mais adressé, me semble-t-il, à cette phrase de Tintin : « Je vous enverrai des cartes postales, de la vodka et du caviar. ! », la vodka et le caviar étant, tout de meme, le summum du lieu commun soviétique !